1928

• 14 janvier
  Deuxième spectacle du Théâtre Alfred Jarry.
  La séance débute par la projection du film «La Mère» de Vsevolod Poudovkine, interdit par la censure française, puis se poursuit par le troisième acte du «Partage de midi» de Paul Claudel mis en scène par Antonin Artaud et joué contre la volonté de l'auteur.
  À la fin du spectacle Artaud qualifie publiquement Claudel d'«infâme traitre», propos qui entraînent la brouille avec Jean Paulhan et la réconciliation avec les surréalistes.

• Les 27 et 31 janvier
  Discussion des surréalistes au sujet de l'amour sous tous ses aspects. L'homosexualité masculine est presque unanimement condamnée. André Breton : «Je veux bien faire acte d'obscurantisme en pareil domaine. [... ] J'accuse les pédérastes de proposer à la tolérance humaine un déficit mental et moral qui tend à s'ériger en dispositif ainsi qu'à paralyser l'ensemble des entreprises que je respecte.»^[1]

Février

• 9 février
  La première projection du film de Germaine Dulac «La Coquille et le clergyman» au studio des Ursulines suscite chahut et protestations tant de la part des surréalistes que d'Artaud lui-même. ^[2]

• 11 février
  André Breton
  «Le Surréalisme et la peinture»,
  avec 77 photogravures selon Jean Arp, Georges Braque, Giorgio De Chirico, Max Ernst, André Masson, Francis Picabia, Picasso, Man Ray, Yves Tanguy^[3] :
  «L'œil existe à l'état sauvage.»

• 12 février
  Paul Éluard
  «Défense de savoir»,
  avec un frontispice de Giorgio De Chirico. ^[4]

• 21 février
  Robert Desnos est à La Havane (Cuba) comme représentant de l'Argentine (!) au Congrès de la presse latine.

• 29 février
  Salvador Dalí : «Ce n'est pas en vain qu'Yves Tanguy a lancé ses délicats messages.»^[5]

Mars

• Après quelques essais, Jean Epstein renonce à engager Artaud dans le rôle de Roderick Usher. Il lui reproche la «suracuité» de son interprétation.

• Paul Éluard est hospitalisé au sanatorium d'Arosa dans les Grisons (Suisse). ^[6]

• 22 mars
  Antonin Artaud
  «L'Art et la mort»,
  conférence donnée à la Sorbonne pour le "Groupe d'études philosophiques et scientifiques pour l'examen des tendances nouvelles" animé par le docteur René Allendy.

• 29 mars
  Desnos revient en France avec le romancier cubain Alejo Carpentier qui fuit la dictature de Machado.

Avril

• 1^er avril
  À Bucarest , parution du premier numéro de la revue surréaliste roumaine "Unu" fondée par Saşa Pană. ^[7]

• Louis Aragon
  «Traité du style» :
  «Si vous écrivez selon une méthode surréaliste des tristes imbécillités, ce sont de tristes imbécillités. [... ] Le surréalisme se définit par ceux qu'il défend et par ceux qui l'attaquent. [... ] Faire en français veut dire chier. Exemple : ne forçons pas notre talent, nous ne fairions rien avec grâce.»^[8]

• Exposition surréaliste à la Galerie "Le Sacre du printemps" avec des œuvres de Jean Arp, Giorgio De Chirico, Max Ernst, Georges Malkine, André Masson, Joan Miró, Francis Picabia, Pierre Roy et Yves Tanguy. ^[9]

Mai

• 5 mai
  Certains passages de «La Liberté ou l'amour» de Desnos jugés licencieux ou anticléricaux sont censurés.

• 13 mai
  Projection privée au Studio des Ursulines du court métrage de Man Ray «L'Étoile de mer» réalisé à partir d'un poème et d'un scénario de Robert Desnos.

• 25 mai
  André Breton
  «Nadja»^[10]

Juin

• 2 juin
  La première représentation du «Songe» d'August Strindberg mis en scène par Artaud est chahutée par les surréalistes au prétexte que ce spectacle est subventionné par l'Ambassade de Suède et joué devant un parterre d'officiels et de personnalités. Artaud monte sur scène et réplique : «Strindberg est un révolté, tout comme Jarry, comme Lautréamont, comme Breton et comme moi. Nous représentons cette pièce comme vomissement contre sa patrie, contre l'ensemble des patries, contre la société…»

• 9 juin
  La seconde représentation du "Songe" est interrompue. ^[11] La police intervient. Breton, Pierre Unik et Georges Sadoul sont arrêtés puis relâchés le lendemain.

• 12 juin
  Rencontre Desnos / Youki. ^[12]

• Benjamin Péret
  «Le Grand jeu», poèmes^[13]

Août

• 28 août
  Robert Desnos
  «La Place de l'Étoile», publié en feuilleton dans le quotidien " Le Soir".

• Premier numéro de la revue "Grand jeu" animée par le groupe du même nom fondé par les écrivains René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte, Maurice Henry, Roger Vailland et le peintre Josef Sima. Ils se disent surréalistes mais indépendants du groupe de Breton. ^[14]

Octobre

• Aragon et Breton écrivent une pièce de théâtre «Le Trésor des jésuites», voulue comme une suite au film de Louis Feuillade «Les Vampires» et un hommage à Musidora. ^[15]

Décembre

• 24 décembre
  Première représentation de «Victor ou les enfants au pouvoir» de Roger Vitrac par le Théâtre Alfred Jarry.

• Fermeture de la Galerie Surréaliste pour cause de faillite. ^[16]

Cette année-là

• Marcel Duhamel, Jacques Prévert et Yves Tanguy quittent la rue du Château, qu'occupent à leur tour Aragon, Sadoul et André Thirion. ^[17]

• Valentine Hugo, peintre et ex-femme du peintre Jean Hugo fréquente René Crevel, Éluard et Breton.

• En Argentine, parution de la première de la revue surréaliste "Que" créée par le poète Aldo Pellegrini. ^[18]

Œuvres

• Jean Arp
  «Main fruit», bois peint et découpé^[19]

• Georges Bataille
  «Histoire de l'œil»
  avec des illustrations d'André Masson

• Jœ Bousquet et René Nelli, premier numéro de la revue "Chantiers"^[20]

• Serge Charchoune
  «Le Soleil», huile sur toile^[21]

• Salvador Dalí
  «L'Âne pourri», huile sur bois avec gravier collé^[22]
  «Chair de poule inaugurale», ^[23]
  «Le Nu mou», huile et sable sur panneau^[24]
  «Playa antropomorfica», collage^[25]

• Marcel Duhamel et Pierre Prévert
  «Paris la Belle», film avec la participation de Jacques-Alain Boiffard et Man Ray^[26]

• Federico Garcia Lorca
  «Ode à Salvador Dalí»

• Lise Hirtz
  «Il était une petite pie»,
  recueil de chansons avec huit dessins en couleurs de Joan Miró

• Michel Leiris
  «Aurora», roman^[27]

• René Magritte
  «Les Amants», ^[28]
  «Histoire centrale», ^[29]
  «L'Homme au journal», ^[30]
  «Les Jours gigantesques»,
  «La Lectrice soumise»,
  «Le Miroir vivant»,
  «La Voix des vents», huiles sur toile

• Joan Miró
  «Danseuse espagnole», bouchon de liège et plume épinglés,
  «Intérieurs hollandais»,
  «La Pomme de terre», ^[31]
  «La Sauterelle»^[32]

• Max Morise
  «Itinéraire du temps»

• Picasso
  «Baigneuse», huile sur toile

• Man Ray
  «Les Mystères du château du dé», court-métrage

• Christian Schad
  «Sonja», huile sur toile^[33]

• Tristan Tzara
  «Indicateur des chemins de cœur»

Notes et références

• Pour les références bibliographiques complètes, voir l'article principal Chronologie de Dada et du surréalisme